Violence et pacifisme

La rivalité entre les grandes puissances pour les ressources et la domination des marchés provoque la misère d’immenses pans de la population mondiale et nourrit, chaque jour, son lot de guerres, de tueries et d’exactions.

La lutte pour la survie dans ce monde capitaliste impose la violence dans les rapports sociaux. Cette violence, ce sont aussi des millions de salariés, de retraités, de chômeurs qui la subissent quotidiennement. Dans les entreprises, c’est l’exploitation, le régime de caserne. Les licenciements, le chômage partiel, ont comme conséquence que des millions de familles à travers le monde se retrouvent privées, du jour au lendemain, de leur unique moyen de subsistance : leur salaire. Et les restrictions imposées par les gouvernements plongent encore un peu plus de travailleurs dans la misère. Même quand elles sont légales, ces violences n’en sont pas moins insupportables. Le capitalisme produit ainsi le mécontentement et la colère, qui ne peuvent que conduire à des explosions.

L’expression de cette colère, lorsqu’elle émane de millions de travailleurs, de jeunes qui s’unissent pour changer leur sort, est une force collective capable de changer le monde, et constitue même la seule possibilité de mettre fin à l’exploitation.

Les courants politiques qui prétendent lutter contre les classes dominantes en recourant aux méthodes du terrorisme individuel, même quand elles sont menées au nom d’idéaux généreux, cherchent, en fait, à se substituer à l’action collective des exploités. Même s’ils parvenaient à l’emporter, ils ne pourraient créer, au mieux, qu’un régime coupé des classes exploitées, mais en réalité opprimant celles-ci. Il est d'ailleurs significatif que les groupes ou les organisations qui recourent actuellement au terrorisme, en prétendant combattre "l'occident" sinon "l'impérialisme", sont des forces réactionnaires, ayant instauré, dans leurs propres rangs comme sur les populations des régions qu'elles contrôlent, une dictature aussi féroce que barbare.

Pour autant, Lutte Ouvrière se distingue des pacifistes, qui réprouvent tout recours à la violence : dans les faits, la classe possédante, minoritaire, n’a que faire du pacifisme. À chaque fois que sa domination est contestée par les exploités, la bourgeoisie fait appel aux moyens de coercition de l’État, à sa police, à son armée, au nom du maintien de l’ordre, et n’a pas craint, dans le passé, d’user des moyens de répression les plus féroces. Ce passé n'est pas révolu comme l'a prouvé, en 2012, le massacre prémédité de 34 mineurs à Marikana en Afrique du Sud, en grève pour leur salaire.

Historiquement, la bourgeoisie a défendu ses privilèges et son pouvoir par la violence. C’est pourquoi Lutte Ouvrière entend préparer les travailleurs à s’organiser pour affronter la répression et ne pas en être les éternelles victimes ; mais aussi pour imposer, par la force s’il est besoin, la volonté de la majorité de la population à la minorité de possédants.