Lutte Ouvrière et les élections

Longtemps refusé aux classes populaires, le droit de vote a été l’une des revendications mises en avant par le mouvement ouvrier et socialiste. Au terme de mobilisations importantes, le suffrage universel a fini par être imposé dans les pays les plus développés, où la richesse de la bourgeoisie lui a permis d’acheter la paix sociale en ne recourant que partiellement aux formes les plus brutales de la domination.

Mais même dans ce nombre réduit de pays qui se prétendent des « démocraties », derrière la façade du régime parlementaire se dresse toujours la dictature de la bourgeoisie qui concentre entre ses mains les principaux moyens d’expression. Ses représentants monopolisent la vie politique et tout est organisé pour amener les travailleurs à se contenter de choisir ceux qui, parmi les membres des classes dominantes, participeront à leur oppression. Le plus souvent, les lois électorales permettent d’écarter des postes élus les petites formations qui contestent l’ordre social. Et, pour se protéger des aléas électoraux, la bourgeoisie sait pouvoir compter sur un appareil d’Etat qui lui est étroitement lié.

Les organisations socialistes et communistes, quand elles défendaient encore des perspectives révolutionnaires, ont toujours cherché à faire  du suffrage universel un moyen, pour les opprimés, de se faire entendre et d’offrir une tribune à leurs porte-parole dans les cas où ils étaient élus.

Se situant dans cette tradition politique, Lutte Ouvrière présente des candidats aux élections chaque fois qu’elle en a les forces et que la situation le justifie.

Dans un système véritablement démocratique, les mandats électifs devraient être courts (renouvelés chaque année par exemple) et ne donner lieu à aucun privilège (pas d’indemnisation supérieure au salaire d’un travailleur qualifié). Les élus devraient être révocables à tout moment par les électeurs.

Mais, quelle que soit les institutions en place, un programme de transformation sociale ne pourra jamais être mis en application dans le cadre d’une société dominée par la grande bourgeoisie. Il ne pourra commencer à s’appliquer que lorsque les classes laborieuses mises en mouvement en arriveront à la volonté de contester la direction de l’économie à la bourgeoisie. C’est-à-dire quand la lutte quittera le terrain du parlementarisme, que la classe ouvrière s’organisera démocratiquement en créant ses propres organes de représentation, et que la révolution ouvrière commencera.