Présidentielles et législatives 2012

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15/11/2022

 

Communiqué de Lutte Ouvrière du 17 juin à 21 h concernant le 2e tour des élections législatives

 

Hollande a donc la majorité parlementaire qu'il voulait. Le Parti socialiste a même, à lui seul, la majorité absolue à l'Assemblée nationale. Entre la présidence de la République, le gouvernement, l'Assemblée nationale et le Sénat, il a donc la totalité des pouvoirs politiques dans le cadre des institutions.

Les travailleurs n'ont pourtant pas à se faire d'illusions.

La gauche ne se servira pas de ce pouvoir pour protéger les travailleurs, les salariés, les couches populaires, dans cette période de crise. Avec la fin de la campagne électorale, s'achève même le temps des quelques gestes symboliques qui ont précédé le deuxième tour des législatives.

Non seulement le futur gouvernement laissera les mains totalement libres au grand patronat pour licencier, pour fermer des entreprises considérées comme non rentables, pour abaisser les salaires, mais il prendra lui-même des mesures d'austérité qui, même décidées par la gauche, viseront les classes populaires tout autant que les mesures d'austérité de la droite.

Il ne peut pas en être autrement dans le cadre des institutions étatiques qui sont en place pour servir les intérêts de la bourgeoisie et avant tout de ses couches les plus riches.

Dans cette période de crise de l'économie capitaliste, plus que jamais les intérêts des exploiteurs capitalistes et ceux des salariés exploités sont totalement opposés. Préserver les profits, les revenus du capital, c'est aggraver les conditions d'existence des salariés.

Cette aggravation n'est cependant pas une fatalité. La classe ouvrière a les moyens de s'y opposer par ses luttes collectives. Ces luttes que l'avidité du grand patronat finira par déclencher ne pourront être pleinement efficaces que si les travailleurs prennent conscience que leurs intérêts s'opposent complètement à ceux de la grande bourgeoisie. Ils ont le droit de mettre en avant les objectifs indispensables pour préserver leur emploi et le pouvoir d'achat de leur salaire, leur seul moyen d'existence, quoi qu'en disent les hommes politiques qui servent l'ordre capitaliste.

Pour résorber le chômage, il faut imposer la répartition du travail entre tous sans diminution de salaire et l'interdiction des licenciements collectifs. Pour préserver le pouvoir d'achat, il faut l'indexation automatique des salaires et des retraites sur les prix, l'échelle mobile des salaires.

Les élections terminées, ces objectifs vitaux restent à imposer. Ils sont incontournables pour empêcher le grand patronat et les banquiers, avec la collaboration du gouvernement, de pousser vers la pauvreté une partie croissante de la classe sociale dont le travail fait tourner l'économie. À la bourgeoisie et à ses porte-parole politiques qui, de la droite à la gauche, invoquent le manque de moyens du fait de la crise ou le montant de la dette publique, il faut opposer l'exigence de rendre publics et contrôlables les comptes de toutes les entreprises, de toutes les banques. Seule la fin du secret des affaires pourrait dévoiler clairement que les licenciements, les sacrifices sur les salaires et les retraites, ne sont pas inévitables. Pas plus que ne sont inévitables les coupes claires dans les dépenses des services publics les plus indispensables aux classes populaires. Ils résultent du choix de privilégier les revenus du capital au détriment des travailleurs et de l'intérêt de la collectivité.

Lutte Ouvrière n'a pas besoin de députés pour continuer à agir dans les entreprises, dans les quartiers populaires, afin de propager ce programme de lutte et cette conscience de classe. Elle continuera à œuvrer pour la construction d'un parti représentant les intérêts matériels et politiques de la classe ouvrière, un parti qui ne cherche pas à s'intégrer dans les institutions politiques de la bourgeoisie mais qui les combatte, avec pour objectif le renversement du pouvoir de la bourgeoisie et son expropriation.

Pour Lutte Ouvrière, Nathalie ARTHAUD

 

10 juin 2012 - Communiqué de Nathalie Arthaud

 

Lutte Ouvrière, qui a été présente dans 552 circonscriptions, remercie les électrices et les électeurs qui ont voté pour ses candidats. Bien que nos résultats soient modestes, ils témoignent de l'existence d'un courant présent partout dans le pays, porteur de la conviction que les travailleurs doivent se donner un programme de lutte pour imposer leur droit à un emploi et à un salaire correct face au grand patronat et au gouvernement.

Hollande aura probablement la majorité qu'il souhaite à l'Assemblée nationale. Les électeurs des classes populaires n'ont cependant aucune illusion à se faire : ce ne sera pas « le changement maintenant » promis par Hollande pendant la campagne de l'élection présidentielle.

La période électorale n'est même pas terminée que les licenciements ont repris et se multiplient. Jeter des travailleurs à la rue, les priver de ressources dans cette période de crise, est un crime social. Il est évident cependant que le gouvernement ne veut ni ne peut arrêter ce crime, faute de vouloir prendre des mesures contraignantes pour interdire les licenciements collectifs, faute aussi de vouloir s'en donner les moyens.

Une fois de plus, un gouvernement de gauche mettra ses pas dans ceux des gouvernements de droite. Non seulement il reculera devant le mur de l'argent, mais il mettra les moyens de l'État à la disposition de la classe capitaliste.

L'offensive du grand patronat, qui cherche à récupérer sur le dos des travailleurs ce que le marché ne peut lui donner, découle directement de la crise économique et de son aggravation. Elle se poursuivra et s'intensifiera jusqu'à ce que la bourgeoisie se heurte à une opposition déterminée venant des exploités.

Malgré la crise et les ravages du chômage, les travailleurs gardent leurs capacités d'intervention intactes. Bien que l'activité industrielle soit en diminution, bien qu'un nombre croissant d'usines soient fermées ou délocalisées, la vie économique continue. C'est toujours l'exploitation de ceux qui continuent à produire qui engendre le profit des entreprises et enrichit leurs propriétaires et actionnaires.

Lutte Ouvrière n'aura pas de députés. Nous continuerons cependant à dire la vérité aux travailleurs, même si elle n'est pas agréable à entendre. Il est toujours plus facile de faire miroiter de faux espoirs que d'affirmer que les travailleurs ne peuvent compter que sur leurs propres luttes pour se défendre.

Les élections terminées, Lutte Ouvrière sera toujours du côté des exploités. Sa raison d'être est d'agir dans les entreprises et les quartiers populaires pour que les exploités se donnent un parti qui représente leurs intérêts politiques. Nous continuerons à affirmer que les travailleurs ont la force de se défendre contre l'exploitation car ce sont eux qui font tourner l'économie. Organisés et conscients, ils ont la capacité de faire bien plus : prendre la direction de la production et de la société. Ils le feraient infiniment mieux que les riches parasites, préoccupés de leur seul profit privé et qui mènent la société au désastre.

 

Lutte ouvrière présente des candidats dans toutes les circonscriptions de Lorraine

 

Les candidats y défendront les idées et le programme que Nathalie Arthaud a popularisé pendant la campagne présidentielle.

Le président des riches a été contraint de partir mais le nouveau président n'est pas pour autant le président des pauvres.

Sarkozy parti, restent les maîtres de l'économie et de la société : le grand patronat, les banquiers, les grands groupes industriels et financiers, qui ont fait la pluie et le beau temps sous la présidence de Sarkozy. Comme ils l'ont fait sous celle de ses prédécesseurs, et comme ils continueront à le faire sous celle de son successeur.

C'est pourquoi il est vital d'affirmer dans ces élections les exigences vitales du monde du travail et ne pas laisser à la droite et à l'extrême droite le monopole de l'opposition. C'est le sens du vote pour les candidats de Lutte ouvrière.

 

6 mai 2012 - Communiqué de Lutte Ouvrière

 

L'électorat populaire qui, dans sa majorité, voulait se débarrasser de Sarkozy, peut se réjouir d'avoir contribué à sa chute. Les motifs de satisfaction s'arrêtent cependant là. Le président des riches a été contraint de partir mais le nouveau président n'est pas pour autant le président des pauvres.

Sarkozy parti, restent les maîtres de l'économie et de la société : le grand patronat, les banquiers, les grands groupes industriels et financiers, qui ont fait la pluie et le beau temps sous la présidence de Sarkozy. Comme ils l'ont fait sous celle de ses prédécesseurs, et comme ils continueront à le faire sous celle de son successeur.

C'est à cette puissance-là que les travailleurs auront à s'opposer s'ils veulent défendre leurs conditions d'existence contre les licenciements, le chômage et l'abaissement de leur niveau de vie. L'élection de Hollande à la présidence de la République ne permettra pas aux travailleurs d'économiser une seule lutte.

En occupant la présidence de la République, après avoir obtenu la majorité au Sénat et avant une probable majorité à l'Assemblée nationale, le Parti socialiste aura tous les pouvoirs institutionnels. Mais les travailleurs ont toutes les raisons de ne pas lui faire la moindre confiance et ils n'accepteront pas que continuent les licenciements, l'aggravation du chômage et la dégradation de leurs conditions d'existence.

Lutte Ouvrière, pour sa part, sera présente dans les élections législatives à venir, afin que l'opposition politique au pouvoir socialiste ne vienne pas seulement de la droite, mais de femmes et d'hommes qui sont du côté des intérêts du monde du travail et n'acceptent pas qu'ils soient bradés.

Pour Lutte Ouvrière, Nathalie Arthaud

 

22 avril 2012 - Au soir du premier tour, discours de Nathalie Arthaud aux militants

 

Je voudrais ajouter quelques mots à l'attention de tous ceux qui ont soutenu notre campagne, à l'attention de mes camarades.

Pour tous les journalistes et les experts politiques qui résument la vie politique au cirque électoral, notre score de 0,5 % à 0,7 % sera considéré comme l'échec de notre campagne et de notre politique.

Mais je tiens d'abord à rappeler que, si 0,5 % à 0,7 % cela pèse peu dans les urnes, cela fait près de 200 000 personnes qui ont approuvé notre programme de lutte. Cela fait près de 200 000 personnes présentes dans les entreprises, dans les quartiers populaires, sur qui les travailleurs pourront compter pour relayer ces objectifs et les populariser. Dans un contexte de remontée des luttes, ils seront des points d'appui précieux pour tous ceux qui voudront se battre.

Et au-delà du score, camarades, nous pouvons être fiers de cette campagne. Parce que nous avons pu y défendre toutes nos idées et parce que ces idées ont touché bien des travailleurs, des pauvres, des chômeurs.

Nous avons touché, conforté et influencé y compris des électeurs qui ne se sont pas portés sur mon nom. Je le sais, au travers des courriers et des messages de soutien que nous avons reçus. Vous le savez, au travers des discussions que vous avez eues : nous avons attiré de la sympathie et du respect pour notre politique dans les classes populaires, largement au-delà de ceux qui ont voté pour nous.

Ce respect, nous l'avons gagné parce que nous avons défendu nos idées, parce que nous avons défendu sans concession les mesures nécessaires aux classes populaires, cette interdiction des licenciements dont on nous a dit et répété qu'elle n'était pas possible, que c'était une horreur économique, l'augmentation des salaires et le smic à 1 700 € dont on nous a rabâché qu'ils mettraient toute l'économie sur la paille, le contrôle des travailleurs sur les entreprises, quand bien même on nous a expliqué qu'il était sacrilège.

Le respect et la sympathie, nous les avons aussi gagnés en affirmant nos convictions communistes. Nous avons montré qu'il existe, dans le pays, un courant qui ne se résigne pas au capitalisme et qui affirme que les travailleurs ne sont pas seulement des victimes et des exploités mais qu'ils peuvent et doivent revendiquer la direction de la société. Oui, dans cette campagne nous avons levé le drapeau du communisme.

Nous l'avons fait en connaissance de cause : en sachant que ce ne serait pas payant électoralement, en sachant que nous serions à contre-courant, qualifiés d'utopistes ou accusés du pire.

Nous l'avons fait et je crois que nous l'avons réussi. S'il a été question du communisme dans cette campagne, si l'on a parlé de l'expropriation des banquiers, de l'expropriation des groupes capitalistes, du renversement de la bourgeoisie, c'est de notre fait.

Oui, ma candidature était une candidature de témoignage, nous l'avons toujours assumé. Mais elle témoignait d'un point de vue de classe, du point de vue des exploités et de la perspective communiste, ce qu'aucun autre candidat n'a fait.

L'apolitisme ambiant, le faible moral des travailleurs et les illusions électoralistes ont conduit à faire le succès de « la révolution citoyenne » et du remix 2012 de la prise de la Bastille ! Mais ce n'est pas Jean-Luc Mélenchon qui s'est réclamé du communisme, de la perspective d'une société débarrassée du profit, du marché et de la propriété privée, c'est nous !

Nous avons montré qu'il existe bel et bien un courant communiste révolutionnaire. Il est aujourd'hui minoritaire. Mais ce n'est pas la première fois. S'il n'a pas disparu malgré la pression du stalinisme, malgré la pression du réformisme et de l'électoralisme, c'est qu'il y a toujours eu des hommes et des femmes qui ont su être à contre-courant et qui ont tenu envers et contre tout à leurs convictions, à leur idéal. C'est par vents contraires que l'on juge la fidélité aux idées communistes.

Alors aujourd'hui, c'est à nous d'assurer la transmission des idées communistes révolutionnaires et nous pouvons en être fiers.

Et c'est plus que jamais nécessaire car la crise est un formidable accélérateur de l'Histoire. Elle ne fait pas qu'aggraver les conditions d'existence des classes populaires, elle remue aussi les consciences. La crise économique actuelle amènera un nombre croissant de travailleurs, de jeunes, à la conscience que renverser le pouvoir de la bourgeoisie n'est pas une utopie mais une nécessité. Eh bien, il faut qu'ils trouvent des militantes et des militants qui en défendent la perspective.

Autant l'on peut constater que la révolte s'accumule dans la classe ouvrière, qu'il y a une rage impuissante qui couve, autant personne ne peut dire quand elle explosera. Quand surviendront les luttes, comment, nous ne pouvons pas le dire. En revanche ce qui dépend de nous, c'est que nous soyons là et qu'il y ait un parti, le plus large possible capable de défendre une politique pour ces luttes.

Il faut encore un parti, implanté un peu partout, reconnu par une fraction non négligeable des nôtres. Ce parti n'existe pas encore, il nous faut œuvrer dès demain à sa construction.

Nous en avons les fondations, nous avons posé les premières briques, il faut continuer ! Pour y parvenir complètement, il faudra des luttes qui mobilisent en profondeur les rangs de la classe ouvrière, mais nous pouvons avancer dans cette construction.

La campagne électorale que nous venons de faire nous donne un point d'appui. Oh ! ce ne sont pas nos résultats électoraux qui vont nous aider. Mais le score est une chose, la campagne et les idées que nous avons propagées en est une autre.

Les résultats électoraux s'oublient, alors que les idées vont faire leur chemin. L'interdiction des licenciements, l'échelle mobile des salaires, le contrôle des travailleurs ont beau être balayés d'un revers de main par la plupart des journalistes - qui n'imagineraient pas eux-mêmes vivre avec moins de 1700 € -, ce sont des mesures évidentes, souhaitées par tous les travailleurs, parce qu'elles répondent à leurs exigences vitales.

Et c'est en cela que oui, nous avons réussi cette campagne et qu'il faut continuer d'aller de l'avant.

Pour que ces idées continuent d'être propagées nous ne pourrons plus compter sur les médias. Si tant est que nous avons pu « compter sur les médias » ... Nous avons tout de même profité de l'égalité du temps de parole et cela nous a permis de faire connaitre notre politique à un nombre bien plus grand de travailleurs que dans notre activité quotidienne dans les entreprises et dans les quartiers populaire où nous sommes présents.

Mais cette égalité de temps de parole n'était qu'une parenthèse de la vie politique, et elle a d'ailleurs été un véritable supplice pour de nombreux journalistes, qui auraient tant aimé papoter entre gens du même monde et que nous avons manifestement dérangé. Résumer l'élection à un duel Sarkozy-Hollande, éventuellement pimenté d'un challenger aussi radical que... Bayrou, leur aurait mieux convenu !

Maintenant que la loi n'oblige plus à rien, les journalistes vont nous faire disparaître au plus vite des écrans radar de télé ou de radio. Tous les journalistes qui prétendent incarner l'opinion publique et qui ne sont en fait que les plumes serviles de l'ordre social, chargés de véhiculer le conformisme et de formater l'opinion publique dans l'idée que la société actuelle est la seule concevable, prendront prétexte de nos 0,5 % pour ne pas nous donner la parole.

Nous allons donc disparaître des médias. Eh bien, ce n'est pas grave : demain comme hier, nous saurons nous donner les moyens militants pour défendre nos idées.

Il faut se saisir de toutes les occasions pour rencontrer les sympathies qui sont nées dans cette campagne. Nous avons découvert de nouveaux amis jusqu'en... Polynésie ! Alors oui, nous avons ici et là des soutiens à découvrir, à rapprocher et à associer à notre activité. Il faut nous donner les moyens de les rencontrer.

Les élections législatives nous en donnent l'occasion puisque nous aurons des candidats dans toutes les circonscriptions du pays. Cela multipliera les occasions de joindre et réunir ceux qui ont approuvé notre campagne et se sont sentis représentés. Cette nouvelle campagne démarre dès maintenant, elle sera courte mais elle sera aussi propice pour tisser de nouveaux liens.

Et dans l'immédiat, nous nous retrouverons à notre grand rassemblement annuel de la fête à Presles, qui aura une signification politique d'autant plus importante pour nous que c'est dans le cadre de la fête que nous tiendrons nos deux grands meetings nationaux des législatives.

Après cela, nous disposerons de nos moyens militants, de notre force de conviction, de notre enthousiasme, de nos tracts, de nos centaines de bulletins d'entreprise qui paraissent tous les quinze jours, de notre activité dans les quartiers populaires et du crédit qu'un nombre croissant de camarades ont conquis dans leurs entreprises en y menant la lutte quotidienne ; et nous continuerons !

Alors camarades, nous sommes certes minoritaires, comme le sont habituellement les révolutionnaires dans des périodes de recul, mais notre politique, nos convictions, nos idéaux sont vus d'un bon œil parmi les nôtres et nous avons bon accueil. Nos idées correspondent aux nécessités vitales de millions de travailleurs. Tôt ou tard, elles seront reprises par des millions de femmes et d'hommes décidés à ne plus subir. À nous de faire vivre ces idées.

 

22 avril 2012 - Communiqué de Nathalie Arthaud au soir du premier tour

 

 

 

Sarkozy et Hollande sont donc les deux candidats en lice pour le deuxième tour, avec une avance telle pour Hollande que son élection paraît probable.

Le plus inquiétant dans les résultats est le pourcentage de voix obtenues par Marine Le Pen. Il est l'expression du renforcement de l'extrême droite dans l'opinion publique. Cette montée de l'extrême droite représente une menace pour les travailleurs.

Malheureusement, l'élection de Hollande à la présidence de la République et l'éventualité d'un gouvernement socialiste ne protègeront en rien les travailleurs contre cette menace. Car, plus sera grand le mécontentement provoqué par les mesures d'austérité que Hollande sera amené à prendre sous la pression des milieux financiers, plus cela renforcera l'extrême droite.

Seul le renforcement des forces qui se situent sur le terrain des intérêts politiques de la classe ouvrière peut constituer un contrepoids au renforcement de l'extrême droite et l'empêcher de s'arroger le monopole de l'opposition.

Je remercie les quelque deux cent mille électeurs qui ont voté pour ma candidature. Ils ont marqué, par ce vote, aussi bien leur rejet de Sarkozy que leur méfiance à l'égard de Hollande. Ils ont montré qu'ils ne sont pas dupes des faux choix de cette élection présidentielle, où le véritable pouvoir, celui de l'argent, celui du grand patronat et des banquiers, n'est pas soumis au suffrage.

Ceux qui ont voté pour ma candidature se sont prononcés pour le programme de lutte que j'ai défendu tout au long de ma campagne électorale. Ils se sont prononcés pour que l'interdiction des licenciements, la répartition du travail entre tous sans diminution de salaire ainsi que l'augmentation des salaires, retraites et pensions et leur indexation automatique sur les hausses de prix, soient mises en tête des revendications des futures luttes ouvrières. Ils ont affirmé leur conviction qu'il ne faut pas laisser à la classe capitaliste la direction sans contrôle des entreprises et des banques, parce que l'usage qu'elle fait de son pouvoir dictatorial va à l'encontre des intérêts de la société. Ils ont contribué aussi à montrer que le courant communiste, pour minoritaire qu'il soit, est toujours présent.

J'ai la conviction que le programme de lutte que j'ai défendu a été entendu bien au-delà.

Je ne suis pas propriétaire des voix qui, en ce premier tour, se sont portées sur mon nom. Au deuxième tour, mes électeurs voteront selon leur conscience.

Aucun travailleur conscient ne peut évidemment voter pour Nicolas Sarkozy, le président des riches, cet homme qui, pendant les cinq ans de son pouvoir, a été le fidèle serviteur des groupes capitalistes et des banquiers.

Certains de mes électeurs, confrontés au choix pipé entre un ennemi ouvert des travailleurs et un faux ami, s'abstiendront ou voteront blanc. D'autres, pour se débarrasser de Sarkozy, voteront pour François Hollande.

Quel qu'ait été leur choix personnel, j'appelle les travailleurs, les victimes de la crise à se retrouver tous ensemble dans les luttes inévitables contre le grand patronat, les banquiers et le gouvernement.

Nous ne pourrons compter sur personne pour nous défendre, ni sur le président de la République, ni sur le gouvernement. Mais nous avons la force de nous défendre nous-mêmes, car c'est nous qui faisons tourner l'économie.

Si nous avons une claire conscience de nos intérêts matériels et politiques et si nous sommes décidés à les imposer, notre force est irrésistible !

Nathalie Arthaud