L' Est Républicain :  Nathalie Arthaud à Montbéliard : "La trahison du pouvoir a déboussolé les ouvriers"

Article de presse
10/04/2023

Montbéliard. Elle a tout de même manifesté hier à Paris. Juste avant de monter dans le TGV qui l'a menée jusqu'à Montbéliard pour assister à la fête régionale de Lutte ouvrière à la Roselière, dont le repas a rassemblé quatre cents « camarades ».

Nathalie Arthaud, qui appelait à « intensifier » le mouvement d'opposition à la loi travail, répond ainsi au reflux observé hier sur les pavés : « La mobilisation continue. » Et tant que ça continue, la candidate à la présidentielle, assurément optimiste, y perçoit une forme de prise de conscience : « Depuis quatre ans, nous avons enregistré une avalanche de mesures à l'encontre des ouvriers. » Dénonce, pêle-mêle, la réforme des retraites, la hausse de la TVA, le CICE, la loi Macron. Ou encore le pacte de responsabilité et ses « 41 milliards de cadeaux au patronat qui manquent aujourd'hui aux collectivités locales ». « On a laissé passer, mais là, il y a une réaction. »

Une réaction sur laquelle l'enseignante en économie n'entend, à l'écouter, pas capitaliser. « Notre problème, ce n'est pas d'émerger, nous militons pour l'émancipation des travailleurs et je vois là le début du réveil de la combativité ouvrière. » Ainsi perçoit-elle chez les jeunes mobilisés, « le positionnement de futurs travailleurs qui refusent la précarité ». « Jusque-là, on ne parlait que des difficultés du patronat, les travailleurs reprennent la parole. »

Des travailleurs dont le vote se tourne cependant toujours plus vers le FN, notamment dans le pays de Montbéliard. « La trahison de la gauche au pouvoir les a déboussolés, ils sont désormais mus par la résignation », estime Nathalie Arthaud, « ils doivent retrouver leur boussole de classe, la conscience de leur rôle et de leur capacité à changer. » Elle qui fonde les maux de la société sur « la domination du grand capital » se bat, en fait, pour tenter de rallier les suffrages ouvriers. Face au FN, mais aussi à Mélenchon dont le « problème », à ses yeux, « est de vouloir rejouer l'illusion du bon gouvernement de gauche ».

La candidate LO pour 2017, qui enregistra 0,56 % à la précédente présidentielle, le reconnaît volontiers : « Nous sommes confrontés à notre petite taille, mais là où nous militons, nous parvenons à toucher les travailleurs. »

Le chemin paraît encore long cependant...

Sébastien MICHAUX

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