Texte de l'intervention de Salah Keltoumi à la conférence de presse du 15 avril

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16/04/2023

Bonjour,

Je vous remercie d’être venus à cette conférence de presse destinée à annoncer ma candidature au nom de Lutte ouvrière à l’élection législative partielle dans la première circonscription de Strasbourg.

Je me présente tout d’abord. Je m’appelle Salah Keltoumi, j’ai 48 ans et je suis ouvrier à l’usine PSA de Mulhouse après avoir été licencié de l’usine d’Aulnay-Sous-Bois en région parisienne. A Aulnay, nous avons fait grève pendant 4 mois contre la fermeture de l’usine dont la seule logique était pour le groupe PSA Peugeot-Citroën de faire davantage de profits en fermant une usine et en supprimant des milliers d’emplois.

Si le patron de PSA, Carlos Tavares, a pu doubler son salaire, si toutefois on peut parler de salaire à ce niveau de paye, puisqu’il gagne 14 500 euros par jour, week-end compris, c’est parce que PSA fait d’énormes profits, des profits fabriqués en licenciant des milliers d’ouvriers et en faisant trimer davantage ceux qui restent dans les usines.

Nous voulons affirmer dans les élections l’existence du camp des travailleurs, de ses intérêts immédiats comme plus lointains.

Les travailleurs qu’ils soient ouvriers, techniciens, ingénieurs, employés des hôpitaux, de la Poste, enseignants mais aussi retraités, chômeurs, petits commerçants ou artisans, ont des intérêts communs à défendre. Tous ceux qui vivent de leur travail sans exploiter personne font fonctionner la société, nous sommes à la base de tout. Sans nous pas de voitures produites, pas de malades soignés dans les hôpitaux, pas de courrier, pas d’enfants éduqués dans les écoles, pas de logements construits… oui les travailleurs sont indispensables au fonctionnement de la société.

C’est cette fierté ouvrière que nous voulons affirmer, face au patronat bien sûr, mais aussi face à ce gouvernement Hollande tout dévoué aux intérêts du grand patronat et de la grande bourgeoisie. Car il est révoltant qu’ils osent dire aux travailleurs qu’ils coûtent trop chers, qu’ils ne sont pas assez flexibles, pas compétitifs etc… alors que c’est nous qui sommes à la base de tout.

Nous nous présentons, avec mon suppléant, Yann Lucas, qui a 38 ans et est enseignant-chercheur à l’université de Strasbourg, parce que nous sommes des militants communistes. Nous voulons permettre aux électeurs des classes populaires de voter pour des salariés comme eux, et au fond de voter pour eux-mêmes pas pour des politiciens au service de la bourgeoisie.

Tous les partis politiques qui se situent sur le terrain de la société capitaliste disent aux électeurs, « votez pour moi pour que ça change ». Du FN qui prétend qu’on ne l’a jamais essayé alors que ses idées réactionnaires, xénophobes, ont été essayé à maintes reprises dans l’histoire pour le malheur des peuples, au PS qui prétendait que son ennemi était la finance  alors qu’il gouverne pour les banquiers, tous trompent les électeurs pour une bonne raison : le pouvoir n’est pas au gouvernement, ni à l’Assemblée nationale, il appartient aux grands groupes industriels et financiers dont les dirigeants ne sont pas élus et qui mènent le monde dans l’intérêt exclusif des actionnaires et de la grande bourgeoisie.

On le voit avec la loi travail du gouvernement, qu’il faudrait mieux appeler la loi chômage.

Cette loi chômage a provoqué la réaction d’une partie de la jeunesse et du monde du travail qui voient bien qu’au-delà du baratin gouvernemental, cette loi signifiera plus de précarité et qu’il s’agit d’un nouveau cadeau que le gouvernement socialiste veut faire au grand patronat.

Une fraction de la jeunesse et du monde du travail exprime dans la mobilisation contre la loi El Khomri son refus que le chômage et la précarité deviennent la règle et ils ont bien raison de rejeter l’avenir que lui réserve la société capitaliste.

Les grèves et les manifestations n’ont entrainé pour l’instant qu’une minorité du monde du travail, mais elles ont permis déjà de dénoncer les mensonges patronaux et gouvernementaux.

Comment peut-on expliquer sérieusement que l’on va réduire le chômage en facilitant les licenciements ou en faisant travailler plus ceux qui ont un emploi ?

La mobilisation a permis aussi que s’exprime la colère que ressent chaque ouvrier licencié, chaque salarié à qui sa direction en demande toujours plus, chaque retraité qui a de plus en plus de mal à joindre les deux bouts, chaque jeune qui galère de petit boulot en mission d’intérim. Chacun a pu mesurer et exprimer qu’il n’est pas seul avec sa colère, qu’il appartient à une classe qui a ses propres intérêts.

Nous comprenons la déception et le découragement des électeurs des classes populaires qui ne vont plus voter parce qu’aucun vote n’a jamais changé leur sort et que les illusions n’ont été suivies que de désillusions. Mais ne pas voter c’est se taire, c’est laisser les ennemis du monde du travail sur le devant de la scène.

Et le pire serait que les électeurs populaires déçus et dégoutté des politiciens qui se succèdent au pouvoir apportent leurs suffrages à l’extrême droite anti-ouvrière de la famille Le Pen qui fréquente les mêmes paradis fiscaux que les autres.

Oui, les travailleurs doivent voter pour les leurs et affirmer leur camp. Contre le cancer du chômage qui délite la société et entraine la désespérance de la jeunesse, il faut imposer au patronat et au gouvernement des mesures concrètes comme l’interdiction absolue des licenciements et la répartition du travail entre tous sans baisse des salaires. Et il faut augmenter les salaires, les allocations, les pensions.

On va nous dire qu’il n’y a pas d’argent pour cela. Le scandale Panama papers montre que l’argent coule à flots du côté de la grande bourgeoisie qui, non seulement nous fait la morale en prétendant que nous coutons trop cher mais qui, en plus, ne paye même pas ses impôts !

Le contrôle des travailleurs et de la population sur les comptes des entreprises montrerait que de l’argent il y en a mais qu’il n’est pas dans les bonnes poches et ne sert aujourd’hui qu’à alimenter la spéculation, les marchés financiers, provoquant crises et catastrophes financières.

Voilà ce que nous voulons faire entendre dans l’élection législative partielle de Strasbourg en nous présentant au nom du parti d’Arlette Laguiller et de Nathalie Arthaud. Voter Lutte ouvrière, ce sera faire entendre le camp des travailleurs. C’est la seule chose utile que les travailleurs peuvent faire avec leur bulletin de vote. 

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