Policiers mécontents : le monde qu’ils défendent n’est pas tendre, y compris à leur égard

Article du journal de La Réunion
02/11/2022

Malgré les déclarations de Valls à l’égard des policiers qu’il dit comprendre et soutenir, les manifestations se poursuivent en France depuis le 17 octobre et ont aussi eu lieu à La Réunion le 26 octobre.

Il y a visiblement une colère accumulée face à des moyens matériels obsolètes, des missions de plus en plus lourdes et nombreuses, l’absence de considération de la hiérarchie. De ce point de vue, les policiers du rang ne sont pas mieux traités que le personnel des hôpitaux ou de l’Éducation nationale, en particulier ceux qui travaillent dans les quartiers populaires.

Une de leurs fonctions étant d’intervenir dans les quartiers meurtris par le chômage et la pauvreté, les policiers se heurtent brutalement, comme les habitants de ces quartiers qui les subissent au quotidien, aux conséquences de ces deux fléaux : la loi des bandes, les trafics petits ou grands et la violence que tout cela génère.

Malheureusement, s’ils obtenaient satisfaction à ce qu’ils revendiquent pour la plupart, cela ne résoudrait rien. Assouplir les conditions dans lesquelles ils pourraient faire usage de leurs armes ne ferait que multiplier les bavures. Ce serait engager une fuite en avant qui aggraverait le cercle vicieux de la violence, à l’image de ce qui se passe aux États-Unis. Quant à exiger encore plus de sévérité de la part de la justice, et elle l’est déjà à l’égard des plus pauvres, cela ne réduirait pas la délinquance.

Le gouvernement veut se montrer bienveillant à l’égard des policiers qui manifestent car il a trop besoin d’eux contre les travailleurs qui se battent pour leurs emplois ou leurs conditions de travail. C’est cela aussi qui alimente l’impopularité dont les policiers se plaignent. Pour en sortir, c’est bien les fondements sociaux de cette société qu’il faut remettre en cause.