Ouragan à Haïti : la population face à l’incurie de l’État

Article du journal de La Réunion
02/11/2022

Plusieurs milliers de maisons détruites, des dizaines de milliers de personnes sans abri, sans secours, le bilan du passage de l’ouragan Matthew est catastrophique. Les organisations non-étatiques parlent d’un millier de morts tandis que le gouvernement en annonce 400. Mais cela fait plusieurs décennies que les vivants ne sont pas comptés en Haïti, qu’il n’y a pas de recensement, alors pour quelles raisons l’État se soucierait-il aujourd’hui de compter les morts, qui plus est des paysans pauvres ?

Que la nature détruise en furie, les hommes le savent, mais qu’un gouvernement ne soit pas en mesure de mobiliser les ressources nécessaires pour voler au secours des populations en danger, c’est le résultat de la faillite de l’organisation sociale en place, c’est le visage du capitalisme dans les pays pauvres comme Haïti. L’État ne fait rien pour la sécurité de la population, pour éviter le choléra, pour ne pas laisser jour après jour la population s’enfoncer dans le dénuement.

Les populations victimes, les travailleurs sans emploi par la force des choses, les sinistrés, ont tout intérêt à compter sur leurs propres initiatives pour sortir de la situation chaotique où ils se trouvent. Même pour bénéficier des aides diverses qui arrivent, ils ont intérêt à se donner les moyens et l’organisation pour en contrôler l’acheminement et la distribution. Sinon tout cela sera détourné par les petits et grands margoulins qui chercheront à en tirer profit au détriment de la santé et de la vie de la population.